[deutsche Übersetzung: weiter unten]
1. Au commencement était la pierre et la pierre provoqua la possession et la possession la ruée, et dans la ruée débarquèrent des hommes aux multiples visages qui construisirent dans le roc des chemins de fer, fabriquèrent une vie de vin de palme, inventèrent un système, entre mines et marchandises.
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Gare du Nord. Vendredi, vers les sept-neuf heures du soir.
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-Patience, mon ami, toi-même tu sais que nos trains n’ont plus la notion du temps.
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La gare du Nord se dévergondait… Elle se résumait à une construction métallique inachevée, démolie par des obus, des rails et des locomotives qui ramenaient à la mémoire la ligne de chemin de fer construite par Stanley, des champs de manioc, des hôtels à bas prix, des gargotes, des bordels, des églises de réveil, des boulangeries et des bruits orchestrés par des hommes, toutes générations et nationalités confondues. C’était le seul endroit du globe où l’on pouvait se pendre, déféquer, blasphémer, s’amouracher et dérober sans se soucier du moindre regard. D’ailleurs, un air de complicité y flottait en permanence. Les chacals ne mangent pas les chacals. Ils sautent sur les dindons et les perdrix, et les dévorent. La légende, qui nous trompe souvent, ressassait que tous les projets de maquis et de guerres de libération avaient germé à la gare, entre deux locomotives. La même légende, comme si cela ne suffisait pas, prétendait que la construction du chemin de fer avait fait de nombreux morts imputés aux maladies tropicales, aux bavures techniques, aux mauvaises conditions de travail imposées par l’administration coloniale, bref, on connaît le scénario.
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Gare du Nord. Vendredi. Vers les sept -neuf heures.
Il était là depuis bientôt trois heures, se heurtant aux passants en attendant l’arrivée du train. Lucien avait pris soin d’insister sur la notion de temps et sur ces trains qui battaient tous les records : déraillements, retards, promiscuité… Requiem avait plus important à faire qu’attendre cet individu qui, au fil des ans, avait perdu toute importance à ses yeux. Depuis qu’il avait tourné le dos au marxisme, Requiem traitait de communistes du dimanche et idéologues de bidonville tous ceux qui le privaient de sa liberté de penser et d’agir. Il devait livrer une marchandise, sa vie en dépendait. Mais le train qui venait avec ce salaud de Lucien se faisait attendre.
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Gare du Nord. Vendredi. Vers les…
© Fiston Mwzana
©…
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1. Im Anfang war der Stein und der Stein schuf den Besitz und der Besitz den Ansturm und der Ansturm den Zustrom von Menschen aller Rassen, die schlugen Bahntrassen in den Fels und erdachten eine Welt aus Palmwein und erfanden ein Regime inmitten von Minen und Markenartikeln.
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Gare du Nord. Freitagabend, irgendwann zwischen sieben und neun.
„Geduld, Alter, du weißt doch selbst, dass unsere Züge jegliches Zeitgefühl verloren haben.”
Die Gare du Nord führte ein ausschweifendes Leben … Sie umfasste eine von Granateinschlägen zerschundene, halbfertige Metallkonstruktion, Schienen und Lokomotiven, die an die von Stanley konstruierte Eisenbahnlinie erinnerten, Maniokfelder, Billighotels, Spelunken, Bordelle, Pfingstkirchen, Bäckereien und den Lärm des Menschenorchesters, ein Durcheinander von Generationen und Nationalitäten. Dies war der einzige Ort auf der Welt, wo man sich ganz ungeniert erhängen, den Darm entleeren, fluchen, sich verknallen und klauen konnte, ohne dass jemand hinsah. Ein Hauch von Komplizenschaft lag ständig in der Luft. Schakale fressen keine anderen Schakale. Sie fangen Truthähne und Rebhühner und verschlingen sie. Die – oft so trügerische – Legende besagte, alle Pläne von Widerstand und Befreiung wären zwischen zwei Zügen am Bahnhof aufgekeimt. Und als wäre das nicht schon genug, erzählte die gleiche Legende von zahlreichen Toten durch Tropenkrankheiten, technische Pannen und die von den Kolonialherren auferlegten unmenschlichen Arbeitsbedingungen während des Baus der Eisenbahnlinie, das alte Lied.
Gare du Nord. Freitagabend, irgendwann zwischen sieben und neun.
Er war jetzt schon seit bald drei Stunden auf diesem Bahnhof, stieß sich an Vorbeieilenden und wartete auf den Zug. Lucien hatte immer das Zeitgefühl dieser Züge betont, die sämtliche Rekorde brachen: Entgleisungen, Verspätungen, Überfüllung … Requiem hatte wichtigere Dinge zu tun, als auf diesen Typen zu warten, der mit den Jahren für ihn bedeutungslos geworden war. Seit er dem Marxismus den Rücken gekehrt hatte, hielt Requiem jeden, der ihn am freien Denken und Handeln hinderte, für einen Gelegenheitskommunisten und Elendsvierteltheoretiker. Er musste Ware ausliefern, sein Leben hing davon ab. Doch der Zug mit diesem verdammten Lucien ließ auf sich warten.
Gare du Nord. Freitagabend. Irgendwann …
© Deutsche Übersetzung: Katharina Meyer; Lektorat: Gernot Krämer
Alle Straßen sind gleich lang;
nur manche Tage sind breiter.
Sobald der Mensch zu Reichtum und Wohlstand kam, gab es Krieg und Missgunst. Die Besiegten wurden zu Untertanen gemacht. Es ging ein Schnitt in der Bevölkerung zwischen Arm und Reich.
Die Indianer Nordamerikas hatten viele Steine, aber keinen Besitz.
Sehr geehrter E.Niekrens,
die Indianer hatten weitaus mehr als Steine. Amerika hat beziehungweise hatte viele Bodenschätze wie Gold oder Silber. Außerdem haben die europäischen Händler die Indianer ausgebeutet. Ich wage, zu bezweifeln, dass europäische Händler die Indianer ausgebeutet hätten, wenn jene nur Steine gehabt hätten. Ferner hatten die Indianer auch Besitz, zum Beispiel ihre Waffen.
Etwas bemühte Gesellschaftskritik mit theologischen Assoziationen
[…] Ein Kommentar zu Fiston Mwanzas Text Tram 83 #1 […]
[…] hat’s getan und ihre Notizen zeugen davon, womit sie während der Übersetzung von Mwanzas Tram 83 zu ringen hatte. Seht […]
La description de la gare est très detaillé et je peux imaginer l’environnement facilement.
En plus, j’aime bien la métaphore avec les chacals.
L’écriture est très visuelle…
Texte: Tram 83
Auteur: Fiston Mwanza Mujila
“Imaginez qu’est-ce qu’on fait en attandant un train?”
Tout dépend de la personne qui attend le train. Iy y aura ceux qui se mettent à somnoler sur un banc, ceux qui se perdent dans leur pensées, ceux qui écoutent de la musique à fond et qui s’enferment complètement dans leurs pensées, ceux qui scrutent l’horizon espérant voir leur véhicul arriver, alors quils sont parfaitement conscients qu’ils leur restent encore vingt minutes d’attente…Il y a aussi les gens, très nombreux, qui ont décidé que pour une raison ou pour une autre il était absolument indispensable de faire une tête d’enterrement et surtout de ne sourire à personne, que se soit en attandant l’arrivée du train, pendant le trajet, ou en sortant wagon, vous pouvez être sûres qu’il y en a beaucoup qui tireront la gueule jusqu’au bout.
Et puis il y a… les enfants. Ah je n’ose pas imaginer la joie que cela doit être de posseder et d’être responsable d’une de ces créatures bruyantes qui en géneral se met à hurler, à courir dans tous les sens, à donner des coups dans le vide, puis à pleurer. La joie..! Après mure réflexion, certainemet que ceux qui appartiennent à la catégorie des gens qui tirent la gueulesont en réalité les parents, regretant d’avoir eu un jour la sombre idée d’avoir une déscendance et ésperant malgré eux d’avoir oublié leur progéniture sur le quai.
Et puis il y a la dernière éspèce, ceux qui observent tout ce qui se passe, qui s’imaginent l’histoire de chaqu’un des passagers, qui voudraient connaître tout le monde et qui pourraient passer leur vie sans bouger de ce quai simplement à observer ce qu’il se passe, parce que c’est dans une gare qu’on peut voir autant de gens réunis. On peut y croiser tous les niveaux sociaux, des gens de tous ages et de toutes les couleures de peaux imaginables, de tout carachtère et de facons de penser mais pourtant, ils sont tous là, réunis pendant un moment, sur le même quai, jusqu’à ce qu’ils partent chaqu’un de leur côté.
On peut comprendre une ville à travers sa gare… Comme vous le dites, on peut y rencontrer des gens de toutes catégories…
Texte: Tram 83
Auteur: Fiston Mwanza Mujila
“Imaginez qu’est-ce qu’on fait en attandant un train?”
Tout dépend de la personne qui attend le train. Il y aura ceux qui se mettent à somnoler sur un banc, ceux qui se perdent dans leur pensées, ceux qui écoutent de la musique à fond et qui s’enferment complètement dans leur monde, ceux qui scrutent l’horizon espérant voir leur véhicul arriver, alors qu’ils sont parfaitement conscients qu’ils leur restent encore vingt minutes d’attente…Il y a aussi les gens, très nombreux, qui ont décidé que pour une raison ou pour une autre il était absolument indispensable de faire une tête d’enterrement et surtout de ne sourire à personne, que se soit en attandant l’arrivée du train, pendant le trajet, ou en sortant wagon, vous pouvez être sûr qu’il y en a beaucoup qui tireront la gueule jusqu’au bout.
Et puis il y a… les enfants. Ah je n’ose pas imaginer la joie que cela doit être de posseder et d’être responsable d’une de ces créatures bruyantes qui en géneral se met à hurler, à courir dans tous les sens, à donner des coups dans le vide, puis à pleurer. La joie..! Après mure réflexion, certainemet que ceux qui appartiennent à la catégorie des gens qui tirent la gueule sont en réalité les parents, regretant d’avoir eu un jour la sombre idée d’avoir une déscendance et ésperant malgré eux d’avoir oublié leur progéniture sur le quai.
Et puis il y a la dernière éspèce, ceux qui observent tout ce qui’il se passe, qui s’imaginent l’histoire de chaqu’un des passagers, qui voudraient connaître tout le monde et qui pourraient passer leur vie sans bouger de ce quai simplement à observer les gens, parce que c’est dans une gare qu’on peut voir autant de gens réunis. On peut y croiser tous les niveaux sociaux, des gens de tous les âges, de toutes les couleures de peaux imaginables, de tout carachtère et de facons de penser opposées, mais pourtant, ils sont tous là, réunis pendant un moment, sur le même quai, jusqu’à ce qu’ils partent chaqu’un de leur côté.
Marie, votre réflexion est excellente…
je ne fais que commencer avec la lecture de la sérié “Tram 83”. je trouve que la introduction est un peu trop long et je finirais la après “Les chacals ne mangent pas les chacals.” parce que cela produit l´athmosphère dangeureuse mais solidaire entre les chacals. à mon avis le texte s´améliore beaucoup dans la deuxieme partie et je me réjouis d´écouter de Lucien et Requiem.
Bon voyage avec Requiem et Lucien!
C’est un texte bien écrit et avec une critisation de la societé dans l’introduction. “Requiem” ne s’interesse plus pour les gens, il voit ou il touche. Est-ce que vous pensez que quelqu’un comme ça est deja mort ou pourquoi est-ce qu’il s’appele Requiem”?
Il s’appelle Requiem parce qu’il a décidé d’enterrer son passé, sa vie antérieure…
“C’était le seul endroit du globe où l’on pouvait se pendre, déféquer, blasphémer, s’amouracher et dérober sans se soucier du moindre regard.” Pourquoi vous assimilez s’amouracher avec déféquer, blasphémer et se pendre? Est-ce que c’est parce que vous pensez que l’amour est quelque chose de destructif? Que s’amouracher est mal comme se pendre?
J’aime la métaphore avec les chacals. C’est toujours comme cela, les forts dévorent les faibles.
C’est-à-dire que c’était le seul endroit du monde où on pouvait se permettre toutes les libertés… C’est ainsi qu’est le monde est fait. Les faibles sont écrasés par les puissants, ainsi de suite. Mais il ne faut pas perdre espoir.